L’étude confirme que le territoire du caribou est hautement dégradé.
Source: Radio Canada – Marc-André Landry
Le Conseil de la Nation Anishnabe de Lac-Simon a dévoilé jeudi un rapport scientifique qui confirme l’importance de restaurer l’habitat du caribou de Val-d’Or pour assurer sa survie.
L’étude commandée par Lac-Simon a été menée par le biologiste Martin-Hugues St-Laurent, du Département de biologie de l’Université du Québec à Rimouski.
En utilisant les données télémétriques des colliers GPS posés sur des caribous, mais aussi de loups, les chercheurs ont pu mieux comprendre les choix d’habitats et de territoires de ces deux espèces. On y confirme que le territoire des caribous de Val-d’Or est hautement dégradé.
Les modèles démontrent que les habitats propices pour le caribou se font rares, alors que les chemins forestiers favorisent clairement leurs prédateurs que sont les loups, précise Geneviève Tremblay, biologiste au Lac-Simon. Le but était de pouvoir identifier les portions de territoires à restaurer pour donner le plus grand gain possible d’habitats favorables au rétablissement des caribous.
Pour avoir la meilleure chance de succès, l’étude cible un habitat se situant dans un rayon de 10 km autour du lac Decelles, mais aussi le secteur du lac Sabourin et au sud de ce dernier. En plus d’un moratoire permanent sur les coupes forestières, on y privilégie la restauration des peuplements forestiers, mais aussi la fermeture et la revégétalisation des chemins forestiers, ce qui aurait évidemment des impacts pour tous les utilisateurs.
On sait que c’est un enjeu important et c’est sans doute pour ça qu’on est encore là à regarder des solutions, 30 ans plus tard, déplore Geneviève Tremblay. Ce qui n’est pas acceptable pour nous, c’est de se dire qu’on peut continuer à faire les mêmes types d’aménagement et perdre des espèces comme si de rien n’était.
Urgence d’agir
Les autorités de Lac-Simon espèrent que cette étude pourra éclairer le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs sur les meilleurs gestes à poser pour protéger la harde de caribous de Val-d’Or, qui ne compte plus que six bêtes.
Cela dit, Geneviève Tremblay est consciente que les solutions proposées dans l’étude n’assurent pas la viabilité du troupeau actuel et que d’autres actions devront être posées, en plus de restaurer leur habitat.
On sait que la restauration est une étape obligatoire, mais ce n’est pas ça qui va garantir la survie, précise la biologiste. Ça prend forcément des mesures conjointes, comme une déprédation importante et presque certainement la réintroduction de nouvelles bêtes dans le troupeau. On doit combiner plusieurs actions et étudier en continu la viabilité de celles-ci pour avoir des chances de succès.
Par-dessus tout, Lac-Simon presse le ministre Pierre Dufour d’agir rapidement.
On ne peut pas continuer à attendre, surtout qu’on a déjà un des caribous qui est mort en enclos cet été. À quoi bon les mettre en enclos si on ne fait rien d’autre? Ce n’est pas parce qu’on n’a pas toutes les connaissances en main que ça justifie qu’on ne pose pas de gestes tout de suite. Des études et des analyses, il en existe suffisamment pour aller de l’avant avec des actions concrètes
, ajoute Geneviève Tremblay.
Rappelons que le ministre Dufour entend dévoiler sa stratégie nationale sur les caribous forestiers en 2021. En août dernier, il espérait cependant pouvoir mettre de l’avant rapidement des solutions pour la situation des caribous de Val-d’Or.