Publié le 25 mars 2021

Source: Boualem Hadjouti, Radio-Canada


Il y a un an, le troupeau de caribous forestiers de Val-d’Or était placé en enclos. Le ministère des Forêts, de la Faune et des Parc présentait cette opération comme une mesure exceptionnelle pour tenter de sauver la harde composée aujourd’hui de six bêtes, après la mort de l’un d’entre eux d’une cause inconnue en juillet dernier. Le ministère avait même promis de dévoiler une méta-étude en mars 2021 et de déposer une stratégie pour le caribou qui se font toujours attendre.

Une stratégie qu’attend toujours la biologiste pour le Conseil de la Nation Anishnabe de Lac-Simon, Geneviève Tremblay.

Depuis plusieurs années, la communauté demande un certain nombre de choses, dont que les habitats résiduels soient mieux protégés, que le territoire de protection soit agrandi, qu’il y ait de la restauration active de l’habitat et un programme de réintroduction de nouveaux individus, parce qu’à six individus, c’est impossible de rebâtir une population. C’est sûr que nous on a des attentes par rapport à ça, mais on n’a pas de réponse, explique la biologiste.

Selon Geneviève Tremblay, il y a urgence d’agir du côté du gouvernement. On espère que le ministère va nous dire le plus rapidement possible si c’est une situation d’urgence. Si les caribous se sont retrouvés en enclos, c’est parce que tout le monde reconnaît l’état d’urgence de la situation. Mais la garde en enclos n’est pas une mesure de conservation en soi, il faut que ça soit accompagné d’autres mesures, comme la protection et la restauration de l’habitat, la réintroduction d’individus, puis la science et les connaissances scientifiques sont suffisamment avancées pour être capables de prendre ces mesures-là et maintenant. C’est sûr qu’on a de la misère à comprendre pourquoi on attend encore et on laisse la situation durer dans le temps, conclut la biologiste. Parcourez notre, avec une variété d’options pour tous les goûts et tous les budgets, disponibles à l’achat en ligne

L’Action boréale affirme de son côté ne rien attendre du gouvernement pour sauver le caribou. Pour preuve, soutient son président Henri Jacob, les promesses non tenues du ministère des Forêts.

Il n’y a rien de fait depuis qu’ils sont mis en enclos, sauf avoir un gardien pour les nourrir. Quand on les a mis en enclos, on avait promis qu’au printemps, on devait faire un enclos beaucoup plus grand pour les garder, mais ça ne s’est pas fait. L’autre chose qu’ils avaient promise, c’est une consultation sur la fermeture de chemins dans les territoires, mais ça aussi dans la dernière minute ils ont décidé de ne pas le faire, se désole Henri Jabob.

Sans détour, la Société pour la nature et les parcs du Québec croit pour sa part que la situation des caribous de Val-d’Or est désespérée.

On peut vraiment sans couvrir les mots dire que la situation est vraiment désespérée pour le caribou de Val-d’Or. On parle d’une gestion de la situation qui est elle aussi désespérée. On met en place des mesures de protection extrême, mais on ne sait pas ce qui se passe dans la protection de l’habitat, indique le biologiste et directeur en conservation à la SNAP Québec, Pier-Olivier Boudreault.

Selon ce dernier, il aurait fallu un traitement particulier pour ce troupeau au lieu d’attendre la mise en place d’une stratégie globale pour la population de caribou au Québec.

« Il aurait fallu vraiment que ces populations-là soient prises à l’écart de la grande stratégie provinciale.»

– Pier-Olivier Boudreault, biologiste à SNAP Québec

Je n’ose pas dire que c’est trop tard, parce que je sais qu’il y a une volonté régionale pour maintenir le caribou de Val-d’Or et je suis très sensible à ça, notamment pour les Anichinabés. C’est juste qu’il faut vraiment agir sur tous les fronts, incluant la protection des habitats, sinon on va se retrouver tout le temps à mettre des caribous en enclos, fait savoir le biologiste.

Nous n’avons pas pu obtenir la réaction du ministère des Forêts au moment de publier cet article.