Le MFFP dit attendre la stratégie de protection de l’habitat du caribou forestier avant d’établir le plan de remise en liberté des hardes placées en captivité.

Source: David Rémillard, Radio-Canada

Publié le 28 octobre 2021


Le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) n’a pour l’instant aucun plan de remise en liberté pour les hardes de caribous mises en captivité. Le gouvernement dit s’en remettre à la stratégie de protection de l’habitat du caribou, qui n’a toujours pas été déposée.

Après celle de Val-d’Or, deux autres hardes du Québec vivront bientôt en captivité, en totalité ou en partie. Si le gouvernement sait quand les animaux seront capturés, le ministère n’a pas d’échéancier pour leur relâchement dans la nature.

La mise en enclos est une mesure ultime de protection des populations isolées de caribous en situation très précaire d’ici l’adoption de la stratégie gouvernementale pour les caribous, indique le MFFP, ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs, par courriel, sans donner plus de détails.

L’élaboration de cette stratégie, qui devait être présentée cette année et mise en œuvre à compter de 2022, serait maintenant repoussée à 2024.

Outre la stratégie de protection de l’habitat du caribou forestier, le gouvernement avait commandé une méta-analyse sur le cervidé en décembre 2019. L’étude devait être publiée en mars dernier. Or, ce document n’a toujours pas été rendu public non plus.

Seuils critiques

Les hardes isolées de Val-d’Or, de Charlevoix et de la Gaspésie ont atteint des seuils critiques. Chez les biologistes, y compris ceux du ministère, il y a consensus voulant que la perte d’habitat au cours des dernières décennies, notamment en raison des coupes forestières, a mené au déclin de l’espèce.

À Val-d’Or, les sept animaux qui restent sont en enclos depuis le printemps 2020.

Pour Charlevoix, le MFFP s’est résigné à adopter la même stratégie. La population de caribous qui fréquente principalement le parc national des Grands-Jardins et l’est de la réserve faunique des Laurentides a chuté de 65 % entre 2017 et 2020. Moins de 20 bêtes ont été observées en 2020.

Au départ, seuls les faons et les femelles devaient être placés en captivité. Mais après un nouvel inventaire du ministère réalisé plus tôt cette année, et dont les données n’ont pas encore été rendues publiques, le gouvernement a modifié sa stratégie pour finalement placer toute la harde de Charlevoix dans un enclos.

Un caribou montagnard au Mont-Albert, dans le parc de la Gaspésie pendant l'hiver.
Un caribou montagnard au Mont-Albert, dans le parc de la Gaspésie (archives. PHOTO : RADIO-CANADA / WILLIAM BASTILLE-DENIS

En Gaspésie, où une quarantaine de caribous montagnards ont été vus par les biologistes du MFFP en 2020, Québec garde le cap avec la construction de deux enclos dans la réserve faunique des Chic-Chocs. Ils visent à protéger les nouveau-nés et les femelles gestantes des prédateurs.

Contrairement à Val-d’Or et Charlevoix, les animaux en Gaspésie ne seront pas en enclos à temps plein. Les femelles gestantes seront capturées dans leur milieu naturel et transportées dans les enclos pour la période couvrant la mise bas et les premiers mois de vie des faons, indique le MFFP. Cette période s’échelonne d’avril à septembre.

Pour Charlevoix et la Gaspésie, la capture des animaux est prévue pour cet hiver. Une fois les bêtes en captivité, un surveillant sera hébergé sur place en tout temps afin de nourrir les caribous et assurer le suivi de l’état de santé des caribous, précise le ministère. Des soins vétérinaires pourront être donnés et le surveillant sera en contact constant avec les biologistes.

Coûteux

Ces mesures exceptionnelles ne sont pas sans frais. Les trois enclos de Charlevoix et de la Gaspésie coûteront entre 1,1 et 1,3 million de dollars chacun. Quelque 700 000 $ seront également investis pour agrandir celui de Val-d’Or.

Des centaines de milliers de dollars ont aussi été dépensés contre la prédation, ciblant les loups, les ours et les coyotes, principaux prédateurs des caribous dans Charlevoix et en Gaspésie.

Québec doit finalement injecter des sommes pour la fermeture de chemins forestiers dans l’habitat du caribou. Combiné au rajeunissement des forêts par les coupes forestières et certains épisodes naturels (tordeuse, feux), le développement des chemins forestiers a favorisé la croissance des populations d’orignaux et de leurs prédateurs, plaçant le caribou en situation de vulnérabilité.