Publié le 24 mai 2022

Source : David Rémillard, ICI Québec – Radio Canada


Si tout se déroule comme prévu, les hardes de caribous en captivité de Val-d’Or et de Charlevoix grossiront leurs rangs d’ici les prochaines semaines. En Abitibi-Témiscamingue, une première naissance a déjà eu lieu et une femelle est toujours gestante, alors que sept caribous pourraient naître dans l’enclos du parc national des Grands-Jardins.

Le ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs, Pierre Dufour, avait ébruité la nouvelle lors de l’étude des crédits budgétaires, il y a trois semaines. Son ministère (MFFP) a toutefois attendu les résultats d’analyse d’échantillons de fèces avant de confirmer hors de tout doute le nombre de femelles en gestation.

Entre-temps, la harde de Val-d’Or a accueilli un huitième individu, a annoncé le MFFP mardi soir. La naissance de la petite femelle a eu lieu cette fin de semaine. « Maman et bébé se portent bien », précise Québec dans une publication sur les réseaux sociaux.

Une autre femelle est toujours gestante et pourrait donc faire passer la harde à un total de neuf caribous d’ici quelques semaines.

Au seuil de l’extinction, la harde de Val-d’Or est en captivité depuis l’été 2020. En 2021, un nouveau-né était mort durant la mise bas. Un autre faon a eu plus de chance et est né au cours du printemps, ramenant la harde à sept individus après le décès d’un adulte l’été précédent.

Baby-boom espéré dans Charlevoix

Dans Charlevoix, la harde est en captivité depuis l’hiver. Des 9 femelles capturées en février dernier, 7 sont actuellement gestantes, toujours selon les données du MFFP. Si toutes les naissances ont lieu sans problème, la harde passerait de 16 à 23 individus.

Rappelons que le troupeau de Charlevoix a connu un déclin majeur ces cinq dernières années. La harde comptait 56 individus lors de l’inventaire de 2017, dont 7 faons.

Le recrutement, c’est-à-dire les nouvelles naissances au sein de la harde, était très faible lors des plus récents inventaires réalisés en 2020 et 2021.

« La proportion de faons dans la population est de 6,25 %, ce qui est largement inférieur au seuil de 15 % nécessaire pour espérer un maintien d’une population »,

– les biologistes du MFFP dans leur plus récent rapport.

Les sept naissances représenteraient donc un gain significatif pour la harde.

Le taux de perturbation de l’habitat, notamment en raison des coupes forestières, ont causé le déclin de plusieurs hardes au Québec. Dans Charlevoix, par exemple, le taux de perturbation de l’habitat des derniers caribous forestiers était de près de 90 % en 2021.

Surveillance permanente

Des équipes du ministère sont prêtes à intervenir en cas de problème, assure-t-on. Un gardien permanent des enclos surveillera « les signes avant-coureurs d’une mise bas », précise le ministère dans un courriel transmis à Radio-Canada.

« Une équipe du MFFP est sur appel 7 jours sur 7 afin d’être déployée rapidement advenant une naissance », ajoute un porte-parole. « De plus, un vétérinaire pourra être déployé en urgence sur place advenant une complication lors d’une mise bas. Ces précautions visent à réduire les risques de mortalité périnatale. »

Les équipes procéderont également à quelques manipulations sur les faons afin de nous assurer de leur bonne condition physique et de les marquer à l’aide d’une étiquette télémétrique à l’oreille.

Pas de plan de remise en liberté

Rappelons qu’il n’existe pour le moment aucun plan de remise en liberté des hardes en captivité. Le gouvernement du Québec attend les recommandations de la Commission indépendante sur le caribou forestier et montagnard avant de dévoiler ses cartes à ce sujet.

La commission a terminé sa tournée de consultations le 17 mai et continuera de recevoir des mémoires jusqu’au 31 mai prochain. Le rapport est quant à lui attendu d’ici la fin de l’année.

Les trois commissaires, dont aucun n’est un expert du caribou, ont le mandat d’analyser les impacts socioéconomiques de nouvelles mesures de protection de l’espèce, dont il ne pourrait rester qu’un peu plus de 5200 individus à travers le territoire.

Les recommandations serviront ensuite à élaborer la nouvelle Stratégie de protection de l’habitat du caribou forestier et montagnard. Son déploiement n’est pas attendu avant la fin de 2023, voire en 2024.