Le Ministre de la Forêt, de la Faune et des Parcs ne peut admettre son échec historique. Une démonstration? Les caribous des Grands-Jardins et de la Gaspésie. Ces deux populations ont fait l’objet de la création de parcs nationaux dans les années 80. Toutes exploitations forestière, hydro, minière etc, y ont été soustraits à jamais.

Publié le 23 janvier 2022

Source: Pierre-Jules Lavigne, Biologiste spécialisé en conservation et exploitation des milieux naturels, Le Soleil


Malheureusement, nous assistons à leur «confinement en enclos» 40 ans plus tard car les parcs ne peuvent plus assurer leur maintien et leur conservation.

Mais là où le bât blesse, c’est autour de ces parcs. Les réserves fauniques qui les entourent, malgré leur nom, n’ont rien de faunique. Ce sont principalement des réserves forestières exploitées à des fins commerciales de la forêt et jamais elles ne se sont posées la question suivante : «que devrions-nous faire pour adapter nos modes d’exploitation afin que la transformation de l’écosystème forestier exploité n’annulent pas les efforts de conservation consentie dans les deux parcs de conservation voisins ?

Seule une redéfinition du mandat des réserves fauniques où l’exploitation forestière ne sera plus l’unique facteur dominant la gestion de ces territoires.

Cogestion de l’écosystème

Pour y arriver, leur mission fera de la cogestion de l’écosystème forestier l’enjeu principal. Tous les utilisateurs représentatifs de la population québécoise comme les chasseurs, trappeurs, Premières Nations, Gestionnaire des activités(Sépaq), amateurs de plein air et forestiers doivent cogérer ces territoires afin que la pleine expression de ce que la nature nous offre en terme de biodiversité végétale et animale puissent y concrétiser la véritable notion de Réserve Faunique .

Un des constats le plus alarmant illustrant cet échec de la gestion actuelle des territoires publiques est la présence des Parcs de La Jacques-Cartier et des Grands-Jardins à peine éloignés de dizaines de kilomètres mais séparés par un territoire constitué en réserve faunique des Laurentides. L’écosystème forestier y est exploité sans tenir compte de la réalité de ces deux parcs. Aucun mode d’exploitation de la forêt fut imaginé pour permettre la confection d’un corridor forestier reliant ces deux parcs dans le but d’offrir aux caribous, abris, gîte et nourriture et une chance de plus pour leur maintient en milieu naturel protégé.

Les enclos à caribous actuellement en construction sont l’expression de l’échec de ce ministère dans la gestion des écosystèmes forestiers des «réserves Fauniques» dont il est le responsable au nom de toute la population du Québec.

C’est malheureusement aussi l’échec de parcs de conservation qui ne peuvent exporter les retombées des efforts de conservation qui y furent consenties depuis les années 80.