Publié le 9 avril 2025
Source: Jean-Marc Belzile, Radio-Canada
La communauté anishnabe de Lac-Simon réclame la création d’une zone de protection prioritaire pour le caribou de Val-d’Or et, du même coup, un moratoire immédiat sur l’émission de permis de récolte forestière. Le territoire s’étendrait sur plus de 5000 kilomètres carrés entre Rouyn-Noranda et Val-d’Or et jusqu’à la communauté de Winneway, au sud.
La communauté de Lac-Simon réagit ainsi au fait que le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP) a annoncé le 28 janvier dernier qu’aucun territoire ne serait protégé pour le moment afin de permettre le rétablissement de la population de caribous forestiers de Val-d’Or.
En procédant de la sorte, le gouvernement conduit inévitablement les derniers caribous de Val-d’Or à l’extinction. Sans l’adoption d’un tel projet pilote, le gouvernement laisse ainsi l’industrie forestière sans aucune prévisibilité. Ce que ne disent pas l’industrie et le gouvernement du Québec, c’est que des forêts matures, il n’en reste plus vraiment beaucoup
, affirme le chef de la communauté, Lucien Wabanonik.
Il précise que cette décision du MELCCFP permettra de planifier les coupes forestières envisagées cet été, une décision qui aura un impact désastreux sur la qualité de l’habitat actuellement disponible pour un éventuel retour du caribou en liberté
.
Les neuf caribous de Val-d’Or vivent en enclos depuis maintenant cinq ans. La harde de caribous demeure stable et en bonne santé, mais le faible nombre de naissances demeure problématique. Aucune des quatre femelles n’a donné naissance l’an dernier.

Les efforts sont multipliés pour protéger l’habitat du caribou forestier. (Photo d’archives)
Photo : gracieuseté de Jade Alain Piché
Le projet de capturer des caribous est retardé
Le MELCCFP confirme par ailleurs que le projet d’aller capturer des caribous dans le nord pour les emmener en enclos à Val-d’Or est à nouveau repoussé.
Le projet de supplémentation de caribous de la population de Val-d’Or est reporté afin de poursuivre les discussions dans l’objectif de concilier les attentes et les préoccupations des communautés autochtones
, explique le ministère par courriel.
Les communautés cries souhaitent avoir l’assurance qu’un plan de rétablissement à long terme existe pour la harde avant de permettre le déplacement de caribous. Lucien Wabanonik se dit convaincu que les Cris accepteraient si le gouvernement démontrait une véritable intention de sauver les caribous.
La délimitation de la zone de protection reflète les recommandations de plusieurs chercheurs réputés sur le caribou et permet de bonifier la protection d’habitats névralgiques
, précise Lucien Wabanonik.

Le Conseil de la Nation anishnabe de Lac-Simon réitère l’importance de protéger les caribous forestiers de Val-d’Or.
Photo : Gracieuseté : Conseil de la Nation Anishnabe de Lac-Simon
Cela fait maintenant plus de cinq ans que le gouvernement du Québec s’était engagé à présenter un plan pour la sauvegarde des caribous forestiers, un plan qui se fait toujours attendre.
Aujourd’hui, les neuf caribous qui restent sont en cage et le ministère de l’Environnement, qui est responsable de la faune, espère juste qu’ils disparaissent. Il n’y a jamais eu de plan. Moi, je n’ai plus aucun espoir en ce gouvernement
, dit pour sa part Henri Jacob, président de l’organisme L’Action boréale.
On pense que l’objectif, c’est de ne pas trouver de solution. Ils n’écoutent pas les scientifiques, ils n’écoutent pas les Premières Nations, ils n’écoutent pas les municipalités, ils n’écoutent pas les syndicats. La ministre a juste une écoute et c’est l’industrie.
Le gouvernement du Québec a amorcé un processus de consultation avec les communautés autochtones concernées au sujet de mesures de conservation du caribou forestier pour trois secteurs/régions du Québec (Saguenay–Lac-Saint-Jean, Val-d’Or et population Pipmuacan). Aucun échéancier précis n’a été déterminé
, précise le MELCCFP par courriel.
Avec les informations de David Rémillard


