Publié le 5 avril 2022

Source: Alexandre ShieldsLe Devoir.


Le gouvernement Legault a décidé de reporter à 2023 la capture et la mise en enclos des femelles caribous gestantes de la Gaspésie, une mesure extrême qui était prévue pour tenter de sauver cette population sur le point de disparaître.

Selon les informations obtenues par Le Devoir, les conditions météorologiques difficiles auraient forcé le report de cette opération, qui était prévue au départ pour cet hiver.

Le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) comptait capturer les femelles gestantes de cette population, qui se limite à un maximum de 32 à 36 bêtes. Les femelles devaient être transportées en captivité dans deux sites aménagés : un dans le secteur du mont Albert et un dans le secteur du mont McGerrigle.

L’objectif était de protéger les faons, qui seraient nés en captivité, durant leurs premiers mois de vie, pour éviter qu’ils soient tués par les prédateurs. Ceux-ci se déplacent plus aisément grâce aux chemins forestiers, ou alors fréquentent les zones où des coupes ont eu lieu.

Les cervidés devaient être capturés au « lance-filet à bord d’un hélicoptère », ou alors « au sol à l’aide de fusil à tranquillisant », selon des informations du MFFP. « L’animal capturé sera rapidement immobilisé et mis sous contention physique de façon à éviter les blessures, un vétérinaire effectuera les vérifications de gestation à l’aide d’un appareil échographique portatif », avait aussi prévu le ministère.

Les enclos prévus à l’origine ne seront toutefois pas construits avant l’automne prochain, si bien que les femelles devaient être placées cet hiver dans un « enclos d’isolement ».

Coupes forestières

Cette opération était planifiée alors que le gouvernement Legault compte autoriser des coupes forestières dans une zone qui fait partie de l’habitat des caribous de la Gaspésie.

Selon ce que prévoit le MFFP, un « plan d’aménagement spécial » est prévu afin de couper des arbres dans une zone atteinte par la tordeuse des bourgeons de l’épinette, située à l’ouest du parc national de la Gaspésie.

Les coupes sont situées en dehors de l’habitat essentiel pour l’espèce, précisé pour la dernière fois en 2007. L’abattage d’arbres est cependant prévu à moins de deux kilomètres de cet habitat, dans une zone identifiée par le gouvernement du Québec comme faisant partie de « l’aire de fréquentation » du caribou.

Caribous en captivité

Le mois dernier, le MFFP a par ailleurs annoncé que les caribous de Charlevoix ont été mis en captivité, après avoir subi un déclin majeur en raison de la dégradation de leur habitat. Il s’agit des 16 derniers caribous de la région et de la deuxième harde à être placée en captivité, après celle de Val-d’Or en 2020.

« Cette opération s’est déroulée comme prévu, et 16 caribous ont pu être capturés et mis en enclos, soit 12 adultes (3 mâles, 9 femelles) et 4 faons », a annoncé le ministère par voie de communiqué. Le ministère a construit un enclos de 20 hectares, soit 0,2 km2, afin d’y placer les derniers caribous qui subsistaient dans le parc national des Grands-Jardins.

Par ailleurs, la commission sur les caribous forestiers mise sur pied par le gouvernement Legault débutera sous peu ses consultations régionales. Celles-ci se tiendront uniquement dans des régions où l’industrie forestière est bien présente et la commission a pour mandat de proposer des moyens de « limiter les impacts socio-économiques » de la protection de cette espèce menacée.

« Notre mandat n’est pas de développer une expertise en caribous. Nous ne deviendrons pas des experts des caribous », a fait valoir la présidente de la Commission, Nancy Gélinas, au moment d’annoncer le détail des consultations. Parmi les trois commissaires, aucun n’est effectivement un expert de l’espèce qui est au cœur de leur mandat.