Protéger le caribou, mais à quel prix? Telle est la question que tentera d’élucider la Commission indépendante sur les caribous forestiers et montagnards. Parmi les deux scénarios « hypothétiques » à l’étude, l’un condamnerait 3 des 12 hardes du Québec, alors que l’autre éliminerait des emplois et des retombées économiques pour l’industrie forestière.

Publié le 17 mars 2022

source: David Rémillard.   Radio Canada


Annoncée en novembre par le gouvernement Legault, la commission tiendra sa tournée de consultations publiques « en présentiel » du 12 avril au 17 mai, a-t-elle dévoilé.

Ses commissaires iront à la rencontre de la population, des communautés autochtones et des « parties prenantes » dans les différentes régions du Québec touchées par l’aire de répartition de l’animal. La consultation est néanmoins ouverte à l’ensemble des Québécois, qui pourront déposer un mémoire ou répondre à un questionnaire en ligne.

Au bout du compte, les travaux contribueront à la réalisation de la prochaine Stratégie de protection de l’habitat du caribou, laquelle a été repoussée à deux reprises par la Coalition avenir Québec (CAQ) au cours de son premier mandat.

Saveur économique

Le mandat de la commission ne sera pas d’analyser les causes du déclin de l’animal, a-t-on expliqué en conférence de presse,  « On ne deviendra pas des experts du caribou », a dit Nancy Gélinas, présidente de la commission, doyenne de la Faculté de foresterie de l’Université Laval et spécialiste en économie forestière.

L’orientation est davantage économique que scientifique. « Notre rôle, c’est d’ajouter la couche des impacts socioéconomiques. »

« Il faut aller chercher pour le plus grand nombre. Notre objectif, c’est d’émettre des recommandations qui vont à la fois protéger les habitats des caribous tout en limitant les impacts socioéconomiques de cette protection-là. »
— Une citation de Nancy Gélinas, présidente de la Commission indépendante sur le caribou forestier et montagnard

Selon elle, le Québec doit faire « un choix de société » qui prenne en considération à la fois la protection du caribou, « une espèce emblématique », mais aussi les conséquences de sa protection pour les régions, l’industrie et le trésor public. « Est-ce que c’est accepté par la société? »

Avec les anciens sous-ministres Clément D’Astous et Florent Gagné, Mme Gélinas devra trouver « quelque chose entre les deux pour rapprocher les parties ».
Une grue mécanique déplace des troncs d’arbres coupés.

La commission souhaite savoir où loge la population et jusqu’où elle est prête à aller pour préserver les hardes de caribous forestiers et montagnards.

Des sacrifices

Quelques minutes avant les déclarations des commissaires, les représentants du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) ont présenté aux médias les deux scénarios qu’ils ont élaborés dans le cadre des travaux de la commission.