(Lac-Simon) Un nouveau rapport effectué pour le compte du conseil de la nation Anishinabe de Lac-Simon vient confirmer l’urgence d’agir dans le dossier du caribou forestier de Val-d’Or. Selon les décomptes des biologistes qui ont participé à l’étude, il ne reste que six membres de la harde encore vivants.

Source:  Michel Ducas, Initiative de journalisme local – LA PRESSE CANADIENNE

Le rapport, rédigé par les professeurs Martin-Hugues-St-Laurent et Jacinthe Gosselin, de l’Université du Québec à Rimouski, est alarmant. Outre le fait que la harde est pratiquement éteinte, 78 % de la superficie jugée autrefois acceptable pour le caribou forestier ne l’est plus. « Le caribou se nourrit principalement de lichen, indique Geneviève Tremblay, biologiste pour le conseil de Lac-Simon. Et comme le lichen pousse sur le vieux bois, le rajeunissement de la forêt, causé entre autres par les chemins forestiers et la villégiature, défavorise le caribou. »

Réinstaller de nouveaux faons

Actuellement, les Anishinabeg, qui avaient signé une entente de collaboration tripartite avec le fédéral et le provincial, sont en mode attente par rapport aux solutions à envisager. Pour Geneviève Tremblay, la balle est dans le camp du gouvernement du Québec.

« L’Action boréale (un mouvement environnemental situé en Abitibi) avait mis sur pied un projet de réintroduction de faons en provenance d’autres régions, rappelle-t-elle. Actuellement, sur les six individus qui restent, il y a trois femelles. On ne peut pas compter sur elles pour repeupler complètement le troupeau, cela va prendre des années. Nous attendons les décisions du ministère de la Forêt, de la Faune et des Parcs. Mais nous n’avons pas le loisir d’attendre bien longtemps. »

De son côté, la chef du Conseil de la nation Anishinabe de Lac-Simon, Adrienne Jérôme, reproche aux gouvernements de faire fi du savoir autochtone en matière de conservation de ces espèces. « Il faut toujours que nos connaissances ancestrales soient corroborées par la science pour qu’on puisse être pris au sérieux. J’espère qu’avec les résultats de cette étude, nous pourrons enfin aller de l’avant avec des actions concrètes comme nous le demandons depuis plusieurs années. »

Le loup gris, principal prédateur

Dans son étude, Martin-Hugues St-Laurent souligne qu’en plus de voir l’habitat du caribou forestier se réduire comme peau de chagrin, celui de son principal prédateur, le loup gris, prend de l’expansion. « Le loup gris adore les chemins forestiers et s’y déplace facilement, constate le chercheur. Ces mêmes chemins sont des répulsifs pour le caribou, qui les évite, et ce, sur une grande distance. »

M. St-Laurent souligne également que les meilleurs scénarios de restauration d’habitat, en considérant à la fois leurs effets bénéfiques pour le caribou et leurs effets défavorables pour le loup, se situent dans un rayon d’environ 10 km tout autour du réservoir Decelles, de même que dans le secteur du lac Sabourin et au sud de ce même lac.

Quant à savoir d’où proviendront les faons que l’on compte réintroduire, la biologiste de Lac-Simon demeure perplexe. « La harde au nord de La Sarre est en déclin elle aussi, indique Mme Tremblay. C’est tout de même moins critique qu’à Val-d’Or. De plus, beaucoup d’autres caribous situés dans d’autres régions au Québec vivent le même phénomène. »

Le MFFP a tenté plusieurs mesures depuis une dizaine d’années pour sauver le caribou forestier. En mars dernier, les sept membres restants ont été mis en enclos, mais l’un d’entre eux est décédé d’une cause encore inconnue des biologistes.